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Un système plus adapté pour les entrepreneurs noirs

Dernière mise à jour : 8 févr. 2021




Annoncé le 9 septembre dernier, le gouvernement fédéral a réalisé un investissement de 93 millions de $ sur 4 ans dans un programme de soutien aux entrepreneurs noirs. Une annonce qui a fait l’unanimité au sein de la communauté, mais qui met en lumière les différentes barrières confrontées par les entrepreneurs racialisés dans le pays.


Diana Ombe — cofondatrice de Négritude Magazine


Inclus dans l’enveloppe de 221 millions servant à assurer le développement économique à l’égard des communautés marginalisées, le fonds de soutien aux propriétaires d’entreprises et entrepreneurs noires est une initiative du gouvernement du Canada pour combattre le racisme systémique et appuyer les entreprises noires face à la pandémie.


Ce financement de 93 millions $, pour les quatre prochaines années, aura pour but de mettre en place un programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires du Canada. Il se compose de : 53 millions $ destinés à de la planification financière, du mentorat, de la formation en gestion d’entreprise ; 33,3 millions $ en soutien au nouveau Fonds de prêts pour l’entrepreneuriat des communautés noires et 6,5 millions $ destiné à la création et au maintien d’un nouveau Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires.


Pour Léonie Tchatat, directrice à La Passerelle-I.D.É, bien que l’initiative soit louable, elle ne représente qu’un petit levier auquel les noirs ont accès au sein d’un vaste écosystème socio-économique.


« On se rend compte que malgré l’augmentation de la scolarisation des personnes racialisées, les noirs ont toujours du mal à trouver un emploi […] Cette disparité a été accentuée par le COVID. On se rend compte que les personnes noires sont plus affectées face à la pandémie vu qu’elles occupent généralement des emplois de première ligne », explique Mme Tchatat.



Cette opinion est aussi partagée par Catia Céméus, PDG et directrice de conception à Kimdja Event planning. Il est important de donner le bénéfice du doute aux institutions gouvernementales qui essayent d’enrayer les effets du racisme systémique au sein de la société.


Pour elle, ces dernières doivent tout de même passer par une consultation de la communauté et apprendre de leurs erreurs. Cela va permettre de concevoir des programmes adaptés et bénéfiques à l’essor de la communauté.


Des défis liés au démarrage


Selon Mme Céméus, les défis majeurs lorsque l’on est un entrepreneur noir sont le manque de mentorat et le manque de fonds de démarrage.


« Pour les immigrants de première génération, on arrive avec un système de valeurs et on a du mal à comprendre comment le système nord-américain fonctionne [...] Les ressources sont là, mais on ne sait pas forcément où on peut les retrouver » explique Mme Céméus.





Pour elle, outre le manque de mentorat, le manque de fonds de démarrage constitue une autre embûche pour les entrepreneurs noirs.


« Quand on est immigrant, on n’a pas toujours des fonds pour aller à la banque. Dès lors, les entrepreneurs se retrouvent bloqués pour évoluer dans leur projet d’entreprise. Les fonds ou subventions existants ne sont pas adaptés aux réalités de ces dernières » ajoutes, Mme Céméus.


Pistes de solutions


« Il est vital de mettre en place des associations qui vont pousser les entrepreneurs noirs ou racisés. Ainsi, dès qu’une personne arrive avec une idée d’entreprise, ils vont les chapeauter et les mettre sur les bons rails », explique Mme Céméus.


Pour elle, l’encadrement des personnes racialisées leur permet de connaître les réalités du territoire et de mettre sur pied des entreprises qui vont se pérenniser sur le long terme.


Outre d’une meilleure accessibilité à l’information, il est essentiel pour Catias Céméus de s’assurer que les fonds mis à disposition prennent en compte la réalité des personnes noires.


« Il y en a beaucoup, [de groupes socioculturels] qui ne possèdent pas de ressources pour pouvoir se mesurer avec d’autres entrepreneurs, qui peuvent avoir des fonds à la banque. C’est une question d’équité. Il est donc essentiel de faciliter l’accès aux prêts pour tous et non à une minorité », conclut-elle.

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