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L’influence des stéréotypes et des préjugés sur la scolarisation des jeunes noirs




Le 25 février 2020, Statistique Canada a publié le portrait socio-économique de la population noire au Canada. Inscrit dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine proclamée par les Nations Unies et du Mois de l’histoire des Noirs, ce portrait présente une population noire jeune, croissante et diversifiée. Malgré cette forte population, les jeunes noirs subissent les conséquences des préjugés et des stéréotypes tout au long de leur scolarisation.


Diana — cofondatrice de Négritude Magazine


Selon l’enquête, deux constats majeurs ressortent : « les jeunes Noirs ont des aspirations scolaires plus élevées que les autres jeunes, mais un niveau de scolarité inférieur à celui des autres jeunes et les adultes noirs sont moins susceptibles d’avoir un emploi que le reste de la population adulte ».


Les résultats indiquent que les jeunes Noirs sont aussi susceptibles que les autres jeunes Canadiens de la même cohorte d’obtenir un diplôme d’études secondaires, mais qu’ils étaient moins susceptibles d’obtenir un grade d’études postsecondaires, en particulier les hommes.


Bien que l’on observe un taux de scolarisation faible, cela n’est pas dû à un manque d’intérêt pour les études secondaires. En 2016, presque tous les jeunes noirs de 15 à 25 ans ont indiqué qu’ils souhaitaient obtenir un grade d’études universitaires (94 %), comparativement à 82 % des autres jeunes du même groupe d’âge.


Pour Lydia Marie, ex-vice-présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) et étudiante en science politique à l’université d’Ottawa, cette disparité est liée au manque d’encadrement du personnel enseignant vis-à-vis des jeunes racialisés.


« On [les jeunes racialisés] est souvent sous-estimé. Si je me fis à mon expérience et celle de mes amis, on ne nous réfère jamais aux meilleures institutions postsecondaires ou les meilleures options [...] Les conseillers scolaires vont vous dire le plus souvent, visez le collège, car c’est plus facile pour vous. Ils nous mettent dans une boîte et ne nous permettent pas d’espérer à mieux », explique-t-elle.


Cette opinion est partagée par Gertrude Mianda, professeure en études sur le genre et les femmes à l’université de Glendon-York.


Pour elle, les préjugés existant à l’égard des jeunes noirs sont un premier frein à leur épanouissement en milieu éducatif


« Au départ, on les prend pour des gens violents. Souvent les jeunes auront tendance à se fâcher contre l’enseignant. Or, il est important de se demander pourquoi ils agissent ainsi. Souvent, c’est le rejet qu’ils reçoivent de la part des enseignants qui les poussent à agir de manière violente », ajoute-t-elle.


Un manque de représentation


Outre le manque d’encadrement, le manque de représentation en milieu scolaire est très présent. Que ce soit sur le plan académique par l’absence de cours sur l’histoire des noirs, que sur le plan structurel avec un manque d’enseignants racialisés.


« On n’a pas [assez] de personnel enseignant qui nous ressemble et qui peut nous guider. On n’a personne qui puisse comprendre notre antécédent culturel, qui comprend d’où l’on vient et qui nous dit d’aller plus haut », explique Lydia Marie.


Pour Gertrude Mianda, le curriculum joue un rôle dans le changement de perception des jeunes noires en société.


Le fait de représenter majoritairement les cultures noires et africaines comme des cultures inférieures, on leur apprend à intérioriser qu’ils sont inférieurs et qu’ils devraient rejeter leur patrimoine.


Selon elle, « il faut regarder de près comment le système est structuré de manière à viser certains enfants [...] Il y a un préjugé à l’encontre des étudiants noirs. »


Pistes de solutions


Selon l’ex-vice-présidente de la FJCF, il est important de miser sur une meilleure formation du personnel enseignant.


Ces derniers devraient apprendre les réalités auxquelles sont confrontés les jeunes racialisés et comment leurs préjugés vis-à-vis d’eux affectent leur parcours académique.


« Je pense que ce serait une bonne opportunité de faire une formation pour sensibiliser tous les intervenants en éducation (directeurs, enseignants, conseillers) sur comment approcher des situations dans le cas des minorités visibles. Mais aussi, offrir des ateliers sur l’inclusivité et l’ouverture d’esprit », ajoute-t-elle.


Cette idée est partagée par Mme Mianda qui estime qu’il faudrait revoir le mode de socialisation des enseignants pour qu’ils puissent comprendre l’histoire de la communauté noire.


« On a tendance à plus condamner les jeunes. Mais, il faut voir aussi l’implication du corps professoral dans l’attitude des jeunes [...] Au lieu de condamner les jeunes noirs, il faut se demander : que devons-nous mettre en place, au niveau de l’école, pour identifier le problème » précise-t-elle.


Selon Mme Mianda, le seul moyen de déterminer les problèmes des jeunes noirs, c’est de passer par un dialogue avec ces derniers pour comprendre leurs besoins et les causes de leur mal-être.


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