
Souvenons-nous de Georges Flyod. Un homme afro-américain, mort étouffé sous le genou d'un policier en mai 2020. Au-delà du sentiment d'effroi, de révolte et d'indignation qui s'est emparé de nombreuses personnes à travers le globe ; George Floyd, de sa dernière demeure, a permis de rouvrir le débat sur le racisme, notamment dans les sociétés nord-américaines.
Cette tragédie est également à l'origine de projets destinés à favoriser l'épanouissement des communautés noires. Mais le Sommet pancanadien des communautés noires du Canada existait avant Georges Floyd. Passant par Toronto, Ottawa, Halifax, et même à travers les visioconférences, il s'est tenu cette fois-ci au Palais des Congrès de Montréal.
Dans un communiqué publié en 2022, l'ancienne gouverneur du Canada, Michaelle Jean, dont la Fondation chapeaute l'évènement depuis 2017 écrit : [Le Sommet] prône l'éradication de la discrimination raciale systémique, du racisme anti-noir et de ses impacts dévastateurs sur les individus, les communautés et la société dans son ensemble; il doit tous nous tenir à cœur et être une responsabilité partagée.
C'est effectivement ce qui ressort de l'évènement ; les conférences et panels de discussions, étendues sur trois jours, ont principalement abordé les thèmes de la discrimination, de l'entrepreneuriat des communautés noires, le racisme systémique, ou encore la culture.
Mais sa portée a dépassé les enjeux énumérés ci-dessus, car au milieu de ces hommes et de ces femmes, toutes générations confondues, c'est aussi la gratitude de se rencontrer, se rassembler, de s'énergiser, et d'apprendre à construire ensemble une société canadienne, où chaque personne noire se sent libre d'exister.
C'est un événement extrêmement important pour se retrouver, parler de projet qui nous tienne à coeur », pense Ann-Esther Lehman, membre du conseil d'administration du

J'en retire de l'inspiration, de pouvoir être ici avec des gens qui font un travail incroyable dans toutes sortes de domaines. Ça me donne beaucoup d'idées. J'ai un grand sentiment d'appartenance. - Ann-Esther Lehman
Pierre Christ Mao David participait pour la première fois au Sommet pancanadien des communautés noires du Canada. «J'ai participé à une table ronde sur la diversité, l'équité et l'inclusion dans le milieu académique, explique-t-il. Comment, en tant que personnes noires, peut-on naviguer dans un milieu blanc, surtout, majoritairement parfois ? »
Les discussions autour de cet enjeu ont débouché sur des stratégies pour faciliter l'intégration des personnes noires dans les milieux académiques canadiens.
Une forte présence féminine

La présence féminine était notable lors du Sommet. Plusieurs projets menés par des femmes y ont d'ailleurs été présentées.
« On a voulait répondre à un cri du cœur, la sous-représentation des femmes de la diversité dans les milieux culturelles » - Sirima Noumbissie-Nzefa
Sirima est venue présenter le projet Autour de la table, une émission de cuisine portée par Culrur'elles MTL, un organisme à but non lucratif installé dans la métropole québécoise.
Disponible sur YouTube, la série vise à transmettre et partager les connaissances culinaires détenues par les afros caraïbéens qui vivent au Canada. Pour Sirima, la nourriture est un outil de transmission, une façon de rendre hommage aux saveurs qui ont accompagné les immigrants de première génération.
Le panel sur les femmes et le leadership a particulièrement marqué certains esprits.
« Les conférencières étaient des femmes noires qui ont occupé des postes de pouvoir au Canada, ou dans les universités », raconte Sly Toussaint, la directrice et fondatrice du Centre Toussaint à Montréal.
J'ai trouvé très intéressant qu'elles parlent de l'importance de connaître ses origines, son héritage, ajoute l'entrepreneure. Elle en tire une conclusion : Pour atteindre des sommets, il faut être connectée à ses racines, bien se connaître soi-même.
Elle en tire une conclusion : Pour atteindre des sommets, il faut être connectée à ses racines, bien se connaître soi-même.
C’était également la première présentation du Forum Jeunesse du Sommet pancanadien des communautés noires où des jeunes de 18 à 30 ans ont eu la possibilité de découvrir 25 projets menés par des personnes de leur tranche d’âge.
Parler ouvertement des actes de racismes
Sur le continent africain, l'arbre à palabres était le lieu traditionnel où des membres d'une communauté se rassemblaient pour discuter, parfois d'un problème qui touchait l'un ou plusieurs de ses membres.
Le Sommet existe pour qu’on puisse avoir un espace où l’on parle de nos réalités franchement, et où l’on nomme le problème, explique Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada, et cofondatrice de la fondation qui porte son nom.
Dans cet esprit, plusieurs panels de discussions ont été organisés pour démystifier les enjeux du racisme qui visent les communautés noires, et trouver des solutions.
« C'est pertinent parce qu'il permet aux afro-Canadiens de se rassembler dans un même endroit[...]De faire des constats sur ce qui se passe actuellement à travers l'afrocanada », soutient l'artiste et conférencier Aly Ndiaye, alias Webster, qui a donné une conférence sur le racisme systémique, en compagnie de l'artiste Ricardo Lamour.
Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Seeke, devait faire un discours lors de la soirée d’ouverture du Sommet. « Mais à la dernière minute, son bureau a annulé sa participation », indique le directeur général de la Fondation Michaelle Jean, Edward Matwawana.
Selon son cabinet, le ministre provincial - qui est également délégué à l'Économie - devait se rendre à Toronto pour une rencontre d’urgence du Comité du commerce intérieur.
« La Fondation Michaëlle Jean […] a refusé que Mme Dorismond représente le ministre Skeete, et par le fait même le gouvernement, au Sommet pancanadien. Il s’agit d’une décision qui nous a déçus, mais que nous avons respectée ». La Fondation Michaëlle Jean justifie ce refus par le court délai entre l’annulation et le début de la soirée d’ouverture.
Par ailleurs, M. Matwawana ajoute que l'événement« n'a pas été officiellement invité par le gouvernement du Québec».
« Nous avons rencontré le ministre Christopher Skeete, moi et Madame Jean. Il nous a confirmé son support, mais pas clairement au nom de la province, indique-t-il, Notez que pour le sommet de Winnipeg nous avons été invités par la province du Manitoba y compris par la ville Winnipeg ».
Le prochain Sommet pancanadien des communautés noires se tiendra à Winnipeg.
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